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SI… Tu seras un homme mon fils, poème de Rudyard Kipling

Poème que j’ai dans ma bibliothèque depuis dix-neuf ans ans sous forme de livre-lettre des Nouvelles Éditions Tchou, illustré et très agréable à lire, relire ou feuilletter, mais je vous dis ce que j’en pense après… Paru en 1910 en Angleterre et traduit en 1918 par André Maurois sous le titre « Tu seras un homme mon fils ».

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou, perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leur bouche folle,
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,

Ce poème, le plus connu de Rudyard Kipling n’en est que plus émouvant quand on sait qu’il l’a écrit pour son fils unique John, alors âgé de douze ans, en 1910 et que ce dernier périra en 1915 à sa première bataille lors de la guerre 1914-18, âgé d’à peine dix-sept ans. Drame culpabilisant pour l’auteur qui l’avait un peu « poussé » dans ce choix militaire alors qu’il avait été réformé pour cause de myopie.

Si cette image « parfaite » de ce que doit être un homme dans son humanité toute entière, dans la ferveur de son être, il est certainement un des plus beaux poèmes du genre et l’écho qu’il laisse en chacun de nous, la résonance aussi, ne peuvent être que personnels malgré l’universalité du propos. N’oublions pas ce « Si » . ce conditionnel de départ nous rappelle que nous sommes faillibles et à jamais en quête d’une perfection à la hauteur de l’image que nous avons de la dignité de l’homme, de l’humilité posée pour nous permettre l’ouverture à l’autre comme apprentissage de la nature humaine mais aussi en gardant ma maîtrise et l’estime de soi. Et si être un homme accompli, adulte devait en passer par là pour acquérir, digérer ces valeurs en les appliquant à son propre chemin d’existence. En faisant de la « pensée » un vecteur d’accomplissement et d’évolution au lieu de sotte rhétorique. Tout en restant vrai, honnête et sincère pour mieux y parvenir… Sans pour cela tomber dans la crédulité aveugle et niaise, la flatterie, la compassion pour soi-même à chaque obstacle dont notre chemin est jalonné. Mais ce poème reste pour moi une déclaration d’amour paternel (ou maternel) que l’on peut faire à son enfant de dix ans en espérant qu’il concrétise un jour tous ces espoirs et cette grandeur que nous avions placés en lui… Il nous faut, en temps que parents, la patience d’une vie pour le savoir. Et parfois…de l’abnégation…

Pour en savoir plus sur Rudyard Kipling dont la vie est souvent étroitement liée à son oeuvre, c’est ICI … et Kipling et à droite sur cette photo.

Ma première participation au Challenge victorien d’Aymeline !

Superbe poème, mais voilà que Kipling lors du massacre d’Amritsar le 13 Avril 1919 ne fait aucun commentaire, il ne s’insurge pas. Au contraire il donne au Général DYER. Se serait-il caché derrière son « if » c’est triste après avoir lu ce poème. Ils ne font pas taire Hitler; ils ne font pas taire Staline; ils ne font pas taire Pinochet…mais ils font des « Pater Noster »

Bonjour LACROIX, je vous retrouve au fin fond de mes Indésirables, un mois après. Il ne faut jamais désespérer. 😉
Je ne suis pas très au fait de certains dessous de l’Histoire à cette époque, c’est dommage que l’on ne nous l’apprenne pas en même temps que l’oeuvre d’un auteur surtout quand la dite oeuvre a un tel impact universel. C’est un peu comme Rousseau qui a abandonné ses 5 enfants à l’Assistance Publique mais a fait tout un traité philosophique sur l’Education. Il y en a qui savent s’arranger avec leur conscience mieux que d’autres. 😉 Qu’y faire. Nous sommes là pour apprécier le talent des écrivains (ou pas), il est tard pour polémiquer même si c’est justifié. 😉

je l’ai offert à mon fils pour son Noël. Il a 23 ans. J’espère que sa lecture lui redonnera courage quand il traversera des moments difficiles. Et qu’il l’aidera à construire l’homme bien qu’il est en devenir. Mais parvenir à un tel degré de perfection humaine demande l’effort de toute une vie! Si tant est qu’on y parvienne!

Bonjour Martine et bienvenue. C’est un peu utopique de croire que nos enfants atteindront ce niveau de perfection mais si on ne vise pas haut on n’obtient rien. C’est une belle idée de l’offrir à son enfant, il en reste toujours quelque chose. 😉

C’est un poeme que mon feu pere m’a donne a lire profondement et attentivement a l’age de 16 ans environ, il y a bien 40 ans de cela. Poeme, que j’ai maintes fois cherche partout et par pur hasard de memoire je le decouvre aujourd’hui par le biais du Google et d’une memoire retenue de quelqu’un au nom de kipling et j’ai reussis. C’est un Poeme qui m’a impressionne a plusieurs etapes de ma vie. Poeme a transmettre a ses transcendances sans soucis et sans limites d’age.

Bonjour et bienvenue Jacques. Oui nous pouvons le transmettre sans modération, faut-il encore que nos enfants le lisent. 😉 Mais à chaque âge (et même quand on est une fille) on y trouve des résonances différentes…

@ Myriam. mais la virilité présentée par Kipling est assez noble je trouve et elle pourrait s’appliquer tout autant aux jeunes filles d’aujourd’hui non. Courage, mesure, humilité, de belles valeurs unisexes ?
@ Asphodèle. Tu me donnes envie de lire… Alors que cette année, le temps de lecture va être consacré à réviser les cours (back sur les bancs de la fac). Mais tu m’apportes aussi la solution. Quelques poèmes de temps à autre… Merci à toi !
Ce poème de Kipling est magnifique et il est assez aisé à lire anglais.

La Pintade. courage à toi alors, pas facile de retourner en FAC après une longue pause. La poésie est un bon compromis et on y trouve beaucoup de jolies choses, pas seulement « poétiques » mais avec une vraie réflexion comme ce poème immortel, indémodable et que l’on peut effectivement appliquer aux femmes, d’ailleurs j’ai toujours compris le « Tu seras un homme » comme un humain digne de ce nom, peu importe que ce soit un garçon ou une fille et heureusement encore. 😉

Magnifique réflexion Asphodèle, sur un poème d’une grande beauté. Je ne savais pas pour son fils, c’est d’autant plus poignant en effet. A bientôt.

Merci Marie An, ce billet n’est vraiment pas jeune, je me demande bien ce qui fait qu’il est autant lu (il y en a d’autres qui décortiquent ce poème mieux que moi). Pour son fils, c’est triste… A très bientôt, j’ai quelques billets de retard chez toi, je te lis même si je ne commente pas toujours et j’espère que 2015 sera aussi fructueuse que 2014. 🙂

Il a placé la barre tellement haute, de quoi donner le vertige. Le « SI » modère un peu les souhaits incroyablement irréalistes de ce cher homme !
En Béarnais, il y a une chanson qui a pour titre « los de qui cau » ( lous dé qui caou en phonétique !) 😀 « Ceux qui sont ce qu’il faut qu’ils soient » Des paroles qui obligent à redresser la tête, à regarder droit devant soi. Pas facile tous les jours, hein. 😀 Bisous et merci pour ce beau poème et ton analyse plus bas.

Mijo, oui mais je trouve que c’est un conditionnel qui a quelque chose de « l’impératif ». si tu le fais, alors tu seras quelqu’un… Ce n’est pas « flou » et improbable. Il faut dire que les parents de cette époque voyaient haut pour leurs enfants, ils voulaient qu’ils fassent mieux qu’eux (pour Kipling c’était dur, surtout que son fils est mort juste après). C’est bien des chansons ou des traditions qui transmettent des valeurs comme l’effort, le courage, la dignité, c’est mieux que de voir « petit » et forcément de récolter à hauteur des exigences de départ, quand on ne récolte pas l’inverse… Il ne faut pas non plus laisser l’orgueil prendre le pas, c’est pas bon non plus…mais je pense que l’on peut faire la part des choses et surtout « transmettre »… 😉 Bises 🙂

s’il vous j’ai besoin du resume de ce poeme